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Mar
March 28, 2020, 5:44 pm

01/01
Trop boire et vomir les papes, les rois et leurs laquais.
Teint de cendre ce matin gelé, cœur pitoyable
Labyrinthe torpide et harnais de remords
Écroulement du cerveau sur des yeux vitreux
Et d'un lit d'écumes trouver la flétrissure ingénue.



02/01
Pour ne pas me perdre dans les chemins des bois
Quand les étoiles dansent sur mon paletot
J'ai mis un peu de soleil dans mes poches.



03/01
Soumission des couleurs aux exigences du paysage,
Une fleur aimerait goûter à d'autres frontières
Mais la montagne proscrit toute altération de son relief.



04/01
Graines de nuit tombant des retards du ciel
Des corbeaux tout noir, en un immense troupeau
Traversent le matin tout emmitouflé d'hiver.



05/01
Paroles aux parfums de tabac
Musiques dégustées à la petite cuillère
Cafés tassés dans leur anse bien éduquées
Mains caressantes sur une lumière moelleuse
Plaisirs d'une table aux humeurs réjouissantes.
.



06/01
Elle plante des livres là où pâturent les arbres
Dans les faubourgs des champignons et les tanières sombres.
Elle bricole des mots pour les promeneurs
Et ouvre les passages secrets vers les avancées des rêves.
.



07/01
La main donne forme au corps
Puis des incandescences à la peau
Enfin des hoquets aux désirs.






08/01
J'aimerai lui écrire mais mes mots sont trop lourds.
J'y ai ancré mes chaînes. Ma parole est emmurée.
J'aimerai lui écrire mes libertés authentiques.



09/01
Dans les pièges sanguinolents des traditions
Des trilles ravissantes agonisent sous la poisse
Leurs ailes engluées dans les édits des hommes.
Les oiseaux n'iront plus festonner vers demain
Les hommes ont toujours des fusils dans leurs décrets
La mort souveraine est l'empreinte du monde humain.
Pour les tréfonds d'entrailles cruelles
Le conseil d'état proclame la terreur des oiseaux.



10/01
La nuit est une breloque qui tinte sur la peau des mots
Elle emporte les lumières des visages dans son sillage.



11/01
Nimbés des tons mélancoliques du bansouri
Les cadences colorées d'un crépuscule aux arômes puissants
Balancent leurs hanchse indolentes dans l'embrasure de ma fenêtre.
La nuit qui vient sur le velours de ses pas
Vibre du bonheur de ces romances sans paroles.

Zakir Hussain & Rakesh Chaurasia


12/01
Mon cœur a commencé sa mue dans son petit matin
Et aux ardentes broussailles s'en est allé.
Il gardera l'empreinte d'un rêve précieux
Où je m'abreuvais du parfum des églantines
Près d'un ruisseau pur étourdi par ses mélodies.



13/01
J'aimerai que mon corps devienne arbre dans une forêt
Et que ma mémoire fleurisse les buissons des chemins.
J'aimerai que mon épitaphe soit l'horizon du soleil
Et qu'avec les oiseaux mon souffle poursuive le ciel.
J'aimerai qu'a ma mort la mort ait un fou rire
Face à l'improbable rencontre avec mon humus.



14/01
Le temps est trop vieux pour mordre
Alors il s'enfuira comme un chien
Seul son souvenir ridé aboiera encore
Sur l'indifférence arrachée à la vie.






15/01
Il faut savoir ajouter un peu de peau aux odeurs
Et un peu de chair aux impatiences de nos lèvres
Pour abolir nos anatomies quand dansent nos mains.



16/01
Ma mère à soudé ma naissance à la terre
Pour que je gazouille avec les oiseaux sauvages
Et que chaque matin dépose la lumière à mes pieds.



17/01
Je prendrai la terre par la main
Puis avec elle j'irai vers mes parents
Dont les âmes sont des colombes
Ou des nuages qui gémissent au vent.



18/01
Elle a des murs sur les pages de son cahier
Elle y brise ses mots puis les enduit de larmes.
Alors la douleur, alors l'écriture blessée.



19/01
La couleur de cette neige est si pure
Qu'elle creuse des floraisons
Dans l'espace des jours alentour.



20/01
S'allonger sur les décombres des souvenirs
Voir les déchirures de son passé
Et continuer son chemin en claquant des dents.






21/01
La nuit brumeuse pianote à ma fenêtre
Le clair de lune chante ses petits potins
Une fleur fait une ombre fraîche sur la porte.
Voile d'ivresse sur ma maisonnette.



22/01
Derrière le désespoir, la beauté affaiblie.
Le jour n'a plus assez de lumière pour l'Europe
Mais le soleil encore chauffe le monde.
Au bout du jour, au bout du voyage
Au bout de la houle, au bout de la peur
Au bout de la jeunesse, au bout des trahisons
Combien de morts sur les mains de l'Europe ?
Méditerranée, tu additionnes tes épouvantes,
Derrière ton ressac, l'infamie des vies écourtées.



23/01
La neige déroule la longue houle de son sommeil
Et dérobe tous les replis ténébreux de l'hiver.
C'est une cloche de silence qui sonne le glas du vacarme
C'est le destin funeste des couleurs sous les flocons.



24/01
Il a neigé sur mon jardin.
Sous les longs regards du givre
Un oiseau triste chante sur son blanc royaume
Et je trempe mon âme dans ce chant souverain.



25/01
J'entends l'hiver haleter dans ma cheminée
Je l'entends qui papillote sous le givre nacré
J'entends le froid qui flagelle, le froid qui cravache
J'entends le souffle revêche de l'hiver
Je l'entends qui mugit au coin du potager
Je l'entends qui bougonne et rouspète dans ma cheminée.



26/01
Les jours de chasse ont des rives de sang
Dont les victimes criblées de morts démesurées
Et de haines forgées aux abus des traditions
Ont des sanglots aux sources de leurs silences.






27/01
Le pas rapide du gibier sous les cris du feu
Les museaux de la peur au fond de leurs images
Et la sentence d'une balle polie par le sang.



28/01
Hémorragie du sang sur les rêves abattus
Poison humain exécutant le sauvage
Rage imbécile sur l'humble destinée
Barbarie des cupidités sur l'animal sacré.
L'homme, ce terrifiant prélude à l'horreur.



29/01
Dans le goulet du temps, j'ai des hésitations et des douleurs
Je marche sur la glace et ne laisse aucune trace
Il y a des guerres secrètes hors la surface des mots
Je sors de moi et redeviens un petit garçon sans bagage
Partant à reculons dans les bras de la nuit.



30/01
Je me suis perdu dans les tiroirs de mon âge
Il y a tant de linceuls, tant de calvaires
Tant d'étoiles mortes, tant de lucioles éteintes
Qu'il m'est impossible de chuchoter au temps.



31/01
Dans un froid dément, un chemin impudique,
Auprès des bois profonds chargés de nuit,
Offre aux promeneurs ses chairs ouvertes.
Dormir dans cette chaleur au cerne des désirs
Se laisser avaler par cette folle ouverture.

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