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01
Nov
November 1, 2018, 9:28 am

01/11
Les possibles ont toujours des épaisseurs cachées
Parfois ils racontent les charnières des altérations.



02/11
Pensées friables du silence
Les ombres ne laissent que des regards
Dans les silhouettes des nuits.



03/11
L'arbre sait qu'à l'ombilic des feuilles rôdent des incertitudes
Alors il attend les dorures de l'automne
Pour voir partir les feuilles chatoyantes
Sur la rivière empourprée qui ondoie à ses pieds.
L'arbre a dans la sève les sillages de ses voyages.



04/11
J'ai posé ma bouche sur le front de ma mère
Et j'ai construit ma jeunesse sur son cœur
Mes pas ont creusé de longs sillons sur son visage
Et planté des angoisses dans sa vie.



05/11
Il y a des mers comme des papillons multicolores
Des mers aux longues houles où trace la vitesse
Des mers où n'existe pas le droit à s'arreter
Ni celui à s'égarer dans le foisonnement du vent.
Des mers aux bateaux comme des sabres pour des flots de rhum.



06/11
A l'horizon, les guirlandes argentées des nuages
A mes pieds, une terre orpheline, vomitoire des hommes.
Quel exil nous faut-il pour retrouver nos fontaines ?
Je rêve d'ailes fraternelles pour voler avec les coquelicots.



07/11
Elle a mis des colliers de pluie à sa cheville
Les fantômes diffus des nuits caressent ce rideau de larmes
La lune, écho fragile des rêves, s'accroche à ces rosées.






08/11
L'étranger a des inconforts dans la chair
Il a des tenailles et des supplices sur la peau.



09/11
L'étranger est orphelin de l'exil.
Seuls restent les souvenirs des cris nauséeux du large
Et les cicatrices où brillent les giboulées des coups.



10/11
La guerre est la vile besogne de l'Europe
Ses usines de braises nous pétrifient
Ses machines-outils dévorent nos chairs
Nos poitrines s'oxydent sous l'effroi du carbone.
Aux comptoir de la vie les politiques devront expier.



11/11
La mitraille burine les chairs et sculpte les croix
Elle fait l'histoire des suppliciés qui crèvent sous les gravas.
De leur faux, les généraux dirigent la symphonie pathétique
Tandis que le vent d'est emporte les épouvantes de nos souvenirs.
Le fric et ses chiens règlent toujours le compte des pauvres
Et dans leurs décomptes macabres il y a le sang du peuple.



12/11
J'ai déboutonné le matin et glissé ma main sous ses brouillards
Alors j'ai senti sous mes doigts la bouche ardente des dernières étoiles.



13/11
Dans les chemins de mes pensées il y a une ombre près de moi.
L'ombre des morsures de la nuit, celle qui mutile l'âme.



14/11
Au plus profond de mes silences, la lumière a mis ses habits de chant
Quel émerveillement soudain que cette ivresse qui emplit l'espace
Je suis né des mélopées qui s'avancent vers le bonheur.






15/11
Ma fenêtre découpe le paysage d'automne.
Des arbres glabres aux quelques feuilles recroquevillées
Offrent au loin leurs bouquets jaunes et bleus
En plaquant leurs derniers accords de couleurs.
Ils sont des martyrs aspergés par l'averse
Qui unissent à la brume leurs rameaux décharnés.



16/11
Les médias sont les blanchisseuses des esprits.
Nous ne frémissons plus devant leurs drapeaux
Nous revendiquons l'urgence dans certaines lobotomies.



17/11
Les fusils s'invitent jusque dans les écoles
Ils expliquent la chasse comme une poésie cynégétique
Et se plaignent de n'avoir aucune complaisance.
Nous sommes le siècle de la médiocrité authentique.



18/11
le vertige de l'abîme sur le piano désaccordé de mon âme
Une solitude aussi lourde qu'un taudis.
Comme des regrets tordus par l'hallucination.



19/11
Les souvenirs dans le fond des poches sont la parole scarifiée
Ils sont la poussière posée sur de vielles questions
C'est aussi l'hypothèse d'un futur par delà l'amertume.



20/11
Les humains en déroute sont la fièvre de la planète
Nous marchons sur les moignons de notre cœur
Voyez-vous ces macabres abattoirs où vont nos désespoirs ?
Au fond des yeux urbains je vois des cadavres
Notre route se termine sur les étals des invendus






21/11
Elles ont fait de nos frères exilés, des morts où des illégaux.
Elles ont fait de la mer un cimetière
Les mains et les trahisons de nos dirigeants
Ces mains qui livrent la terre aux barbares.
L'Europe se pourlèche des suppliciés de son histoire



22/11
Dans l'odeur entêtante de mes souvenirs
La nuit dépose ses lucioles d'images fanées.



23/11
Je me suis assis au milieu d'un air de musique
Le monde s'est écroulé et me voilà seul
Les notes sont des lèvres qui m'entourent
Et sur les rivages venteux des touches d'un piano
Elles déposent l'amour à mes pieds.



24/11
Boire du vin ensemble, comme une rêverie
Parler des choses qui nous ressemblent
Et voir les heures qui tournent en rond
Comme un cheval dans son pré.



25/11
Dans le chaos des guerres, les enfants meurent par les convoitises de l'Europe
Le sang de leur petit cœur dépose leur vie sur les mains des riches.
Je pleure sur ces chairs ouvertes et je souhaite que ces mains pourrissent.



26/11
L'ami des mers du sud et son carnet de voyage,
Sa géométrie des mots, sa grammaire quantique
Sa grande houle sur les pages de la liberté
Ses nuits en diagonales, ses parenthèses, ses passages secrets
Et dans la marge du cahier, sa vie.






27/11
Avec les bras du soleil qui caressent nos éveils
Avec nos pensées immobiles à l'ombre de nos désirs
Veux-tu rencontrer les matins poivrés de l'amour
Et l'ivresse des chairs animées ?



28/11
Nostalgie des ailes qui tourbillonnent aux vents
La mélancolie bruine sur les meuneries.
En Frise, les vieux moulins aux ailes harassées
Mastiquent les souvenirs de leurs bras allègres
Et regardent le ciel gris d'où coule la pluie.



29/11
En Frise, tout s'agrège.
La terre, l'eau, le ciel, les couleurs.
En Frise, le ciel est bas, si bas, si gris...
Le lointain disparait. Il n'y a plus de lointain.
Mème l'horizon, ici, est tout près.
Le lointain c'est ce moulin.
L'horizon c'est ce moulin.
Ce moulin qui ne tourne plus.
Le temps qui passe fait grise mine.



30/11
En Frise tout s'agrège.
La terre, l'eau, le ciel, les oiseaux.
En Frise la mer de Wadden est un oiseau.
Les nuages aussi battent des ailes
Et le ciel se déplace en cancanant.
Au vol des nonettes à l'élégance incomparable
Le Lauwersmeer offre la meilleure des scènes.
Ici, les oiseaux se comptent sur les doigts de la main.
Un doigt vaut mille, cinq mille, dix mille.

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