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          Affection d'une valse





(Photo Philippe Boussion - "Regroupement autorisé")



        S'affecter de la haine et de la crainte, s'en envelopper. De la haine, partout. De la haine qui se déplie sous nos fenêtres. Haine en pourpoint. épidémique. Pourtant, il n'y a plus d'étrangers.
        Le soir, la poésie est une célébration qui chante aux balcons. Elle met des clôtures au réel et écrit son futur. La haine soustrait les rencontres, les balcons additionnent les visages.
        C'est la grande exposition. On reste couché. Mais en a t-on le droit ? Alors on se soigne, masqué par le coin du bon sens. Signatures pour la vie. A y regarder de près, au hasard, c'est vivre encore, non ?
        Qu'est-ce qu'on transmet à regarder le ciel ? Même si c'est pas le lieu ou l'heure, on mettra nos bracelets. Roses ou bleus.
        Nous voilà des nouveaux nés.
        Nous sommes les rameaux de la maladie, les racines. Nous n'avons aucune fonction médicale mais nos balcons sont les songes chaotiques de nos espoirs chamaniques.
        C'est la grande vague. Prenez soin de vous. On continue à se dire cette cohérence avec les autres parce que nous vivons dans la marge de l'affection. Nous vivons dans l'image. Images sauvages d'une publicité payable à crédit. Images sociales savamment disposées sur des écrans folâtres. Sans explications.
        Tempo de la valse d'un virus. La vie est un cœur lent. Un coquillage cousu à la mer. A ses vagues.
        Nous exposons nos corps au soleil et nous respirons des ténèbres. Tous les soirs, la mort nous est servie sur un plateau macabre. Utopies de notre humanité, nos banderoles féroces s'accordent contre leur virus.
        S'affecter d'une valse triste. Sibélius joue notre mort en s'arrêtant aux virgules de nos salubrités.


Ecouter la valse triste de Sibélius