(Photo Philippe Boussion)
L'attente de l'évanescence du flou. Le guet de l'instant où s'évaporent les choses quand l'œil voit enfin net le réel. Ce moment de foi dans l'affût du temps.
Le réel
ne se livre pas
Alors l'épaisseur s'écoule au fil de la terre, alors l'arbre dénoue ses branches. Ça vibre au commencement du feuillage. Dans l'élan du vent, les intensités d'être partent vers d'autres traces.
Sous l'arbre
se repose la mer
Et nous, toujours à l'arrière, ensevelis par nos silences, perdus dans nos rêves à coller nos bouts d'évidences, à construire nos mondes, nos visages, à s'inscrire sur la lumière.
Variation du réel, acquiescement du possible. L'élévation troue l'orgueil, elle évacue la tension du vide et décapite la rumeur.
Le vide
n'est pas rien
Dans le catalogue des harmonies, le réel ne se livre pas facilement mais il suffit parfois de la caresse d'un mot pour qu'afflue le présent, pour que s'échafaude un chant d'oiseau.
L'homme ne portera jamais le monde car il soutient de plain-pied l'appel de l'apparence. Toujours dans le flou du réel. Toujours dans le contre-haut de ses absences, des humeurs de ses apnées.
Quand l'œil voit enfin le réel, alors il voit le silence de la pierre dressée vers le ciel. Comme une écriture ancrée dans la terre qui exprimerait l'exubérance de ses secrets.
L'obscur
est un soleil blanc
Premiers pas de l'homme dans le réel. Intrusion de l'épanchement du temps. Soif du dire et de son écho pour écouter l'immobile. L'homme feuillette ses printemps pour y lire ses soi-même.
Le corps du regard
se nourrit de l'abîme des mots