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         Le dessin (2)





(Dessin Rita Renoir)



        Dessin sans rides, sans ligatures
        Traits continus de la volupté
        La joie jaillit des courbes du dessin

        Un rouge brûlant invente des histoires où se creuse le corps. Aux croyances de la chair s'affine la blancheur des pensées. Poids d'un corps qui s'épuise à l'aiguillon de l'impossible, offrande avide d'un visage soyeux où respirent les pentes d'un sourire affamé.

        Regard sans impasse au diamant du visage
        Graine d'un bûcher au croisement des déchirures du corps
        Le regard du dessin est l'aventure d'une lumière torrentielle

        Chuchotis du regard en bordure du silence, sans frontières
        Le regard enveloppe de son éclat les fourmillements de l'espace
        Aveu du crayon, juste à l"instant d'avant la chair

        Le regard donne en ses doux et blancs raisins la promesse des tourments d'une érotique poésie. Le regard bouscule la peur de la rencontre. Il est le tremblement d'une attente, d'un désir sous les griffures primitives. Il est le halètement de la nudité qui s'offre sans stupeur au plaisir du lit.

        Encre noire pour forme blanche au drap d'apparat
        Rythme de braise au feu assoiffé de l'impatience
        Le dessin dialogue avec l'envie

        Il y a une tension dans le dessin. Pourtant le trait est souple, sans nœuds. Pourtant il y a de l'abandon dans le corps et de la confiance dans le regard.
        Alors ? Peut-être dans la position des mains qui se tendent aux confins du lit.
        Peut-être dans le ressac de la chevelure qui s'étale sur la plage des draps.

        Fascination de la forme. Passion du trait
        Se laisser dévorer par la tension du dessin
        Face à face érotique avec l'émotion qui s'incarne dans le trait.

        D'abord, la première fois, il y a l'hypnotique du regard qui nous emporte et nous piège. Nous transperce et nous nourrit. Regard voluptueux, doux et innocent.
        Puis, les mains, dans leurs soucis de chair, nous happent par la couleur. La couleur devient une obsession.

        Les yeux se taisent, les mains parlent
        Elles sont à la bordure des mots, à l'ombre de l'âme
        Les mains fleurissent rouges
        Les mains sont les coquelicots de la sensualité

        Ensuite, on prend la mesure du corps. Mais le corps est un renoncement qui s'affirme dans les froissements du drap.
        Le corps est une ascèse dans la brûlure de l'envie car le corps est emporté vers l'horizon des draps, vers le péril d'un espace où se déplient nos lèvres.

        La houle s'arrête là, aux battements du cœur
        Le dessin change ce qu'il faut voir
        Repli du désir au bout du vertige
        Je suis aux à-coups du dessin, à la couleur de la femme
        En tête à tête avec le trait d'un crayon.