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         Printemps








J'écoute le printemps qui chante au bout de ma terrasse
Un geai bleu déclare l'amour aux lumières des halliers
Pays sien des plumes de ses tempes aux confins du paysage
L'oiseau vole sur la lumière, son front bleu est ma nation


Le printemps ouvre sa porte, il y a de la grâce dans sa démarche
La frontière du temps est révolue, voici celui du souffle
Cette parole d'un autre espace qui ranime le regard de nos mains
Être à la lecture de sa vie propre dans les lignes des feuilles


Mes mains sont la terre, mes mains sont l'écorce
Mes mains sont le soleil, le ciel et la rivière.
Et le printemps me donne son haleine, il m'embrasse
J'aime le sel de sa chair, la sève de ses sentiers.


Le printemps me donne le ciel et je caresse la terre
Je suis jardinier aux entrailles du printemps qui s'élève
Et je couve la liberté des œufs aux branches vives des érables
Le printemps court dans le vent neuf et déshabille mon cœur


Adieux désormais aux flammes froides des matins de l'hiver
Ma couche est de printemps et de ses herbes odorantes
Cri du bonheur qui passe ici comme un passereau
Mots d'amour écrits chastement sur les draps de son chant


Le printemps me donne tout son espace, toutes ses contrées
Sous le ciel de ses feuillages je vois les étoiles s'embrasser
Sous les fleurs chantent les grillons, comme des anges égarés
Le printemps est une vieille école ouverte aux calmes du monde.


J'ai touché les lignes du printemps en courant vers le temps
Me voilà maintenant à l'autre bord de sa tendresse exaucée
Où j'ai posé mon oreille pour écouter les loups de la mer
Être enfant et se blottir sur les berceuses antiques du printemps