Le gris des jours prisonniers à jamais d'un désir de fuite
La main des jours sombres dessus nos visages gris,
Comme les gelées violettes des matins fades
Comme une caresse réservée, comme une amorce de nous.
Et la blessure du chant d'un oiseau tragique posé sur un labour
Les charnières des aubes sauvages, à feux et à flammes
Qui couvent les graines d'une journée qui construira demain
Marcher sur la route des aurores et glaner ses souvenirs
Ecouter les vents de dentelles aux épaules de mille mémoires.
Et les confessions oubliées de la langue des oiseaux taciturnes
Il faut écrire loin, à l'essoufflement du silence des nuits
Il faut lire toutes les distances entre les visages des mots
Il faut aller aux frontières du temps, dans la fournaise de la mer
Exhumer chaque mot du fond des nuages, du fond des terres
Et le regard bleu des oiseaux mortifiés sur l'arôme de nos silences
Il faut fermer la porte des oublis pour revoir la lumière
Chevaucher l'écho des rivières négligées, y perdre ses pas
Le temps qui use le rêve de l'écriture et les voix des autres
Comme une manière de pleurs sur les friches de nos visages
Et une grande brêche sur la solitude des oiseaux en lambeaux