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          Les vieux murs








Erosion des calcaires qui dessinent des coeurs comme des frissons en pleurs
Silence incandescent des silex qui enflamment l'insurrection des mots
Les murs en pierres sèches écrivent des vies le long des chemins élégants.

Des murs avec des pierres comme des notes de Beethoven ou de Franz Liszt
Des murs qui se cognent à d'autres murs comme le préambule de la mort
Des murs qui s'écroulent dans l'au-delà inquiétant des larmes anthracites.

J'aimerais prendre la main des vieux murs pour les empêcher de tomber.

Bouffées de la rocaille qui déplace son destin le long des haies humides
Fenêtres ouvertes sur des nids d'araignées clandestines et silencieuses
Les murs empilent leurs pierres en rang serrés au bout des champs solitaires

Murettes nonchalantes sous la meute des nuages gris haletants aux vents lugubres
Marches chancelantes des vieux murs s'en allant vers les mutismes des brouillards
Jonchées de roches comme des sépultures au goût d'adieux bleutés des horizons.

J'aimerais être un champ blond pour comprendre les monologues des vieux murs.

Murtins à l'agonie au chaos d'herbes jaunes, prosternés aux talus des hivers
Mains calleuses des vieux murs caressant l'échine des collines aux soirs alanguies
Murs moussus, murs broussailleux au silence du lointain alentour les villages.

Murs saccagés des guerres et des hommes, murs emplis de gel aux remous de l'aube
Murs précieux et hautains sentant encore les beaux habits du second empire
Murs pieux exténués des poussières de leurs prières, aux épaules tordues par les croix.

J'aimerais être une étoile pour suspendre au ciel les lumières des vieux murs.