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         Mon chêne





(Photo Philippe Boussion)


        J'irai au bois fauve du grand chêne sous les providences d'automne.
        M'attendent la mésange bleue et la sittelle grise et le geai qui porte haut le ciel de son front.
        Je poserai ma peau sur son écorce pour respirer la chanson de la sève qui s'écoule vers ses racines.
        Combien d'années sur ses épaules ? Combien de nuits aux vents frénétiques de l'hiver ?
        Combien de consolations pour toutes les peines qui sont venues ici dissimuler leur souffrance ?

        Loin des villes enfiévrées, avec son cœur qui allume mes désirs de forêt.
        Qui me porte dans le verger de ses saisons égarées sous ses robes pourpres.
        Qui me lèche la main quand je mange l'ombre sous ses branches.
        Qui toujours m'escompte au petit matin derrière le vent.
        Qui écoute le cortège de tous ces pas qui regardent sa beauté.
        Mon chêne