Les petites choses

(Photo Philippe Boussion)



Les fièvres du ciel au centre de la nuit
Glissent sur mes nostalgies
Là où apparaît ma mémoire.


Ma maison est aussi au centre du monde
Entre l'herbe et l'eau.


Près des pélicans j' ai construit un espace où bêcher
Parce que le potager n'est jamais en désaccord avec le silence
Se sentir vivant dans le silence
Respirer le temps
Murmurer aux rêves
L'âme est simple dans ses chemins particuliers
Elle appartient à la terre.


Et puisqu'il faut se nourrir de petites choses
Je m'offre au soleil
Je m'offre au silence
À l'engourdissement de l'eau calme.
Je bois le feu avec ma main qui berce le temps.


Une abeille s'est posée sur ma main
Elle est le feu qui brûle ma peau
Elle est le centre du monde qui relie les choses au temps
Elle parle au dehors pour que je vois dedans les autres.


Les petites choses parlent vif.


Sur mes dents
Les traces de la terre
Le goût du temps
L'impalpable des petites choses
L'amertume du vent.


Alliance du simple et du futur
Le vent expire l'espace autour de moi.
Ma maison est un espace au centre de la terre
Je ne peux pas me séparer de la terre
L'autre monde est sans oiseaux, sans arbres
Je ne pourrai pas être de ce pays rafistolé
Je ne pourrai pas être du dehors.


Je danse avec le temps pour retenir les présences passagères
Odeurs du bois
Fantaisies du soleil
Frémissement de la poussière


La danse est mon tribut au temps
Tout s'apprivoise dans le silence des gestes
Il suffit de laisser s'approcher le temps
Puis de tendre la main.