Bertrand Arthur William Russel
(1872-1970)
L’esprit de la paix.
Bertrand Russel est un montagnard abouti. Il a gravi les versants rigoureux et instables des escarpements de la logique, des mathématiques, de la morale et de la philosophie.
Bertrand Russel est considéré comme l'un des plus important philosophe du XXe siècle. Il a appliqué ses propres travaux de logique aux fondements des mathématiques. Il a écrit avec Alfred North Whitehead, un ouvrage majeur ayant pour titre Principia Mathematica dans lequel ils traitent d’un système de logique mathématique s'appuyant sur une analyse abstraite de la pensée.
Bertrand Russel est également un pugiliste généreux et accompli. Il s'est battu à mains nues contre la religion.
Dans Pourquoi je ne suis pas chrétien, paru en 1927, il écrivait : «J’affirme, en pesant mes termes, que la religion chrétienne, telle qu’elle est établie dans ses églises, fut et demeure le principal ennemi du progrès moral dans le monde. L'idée de Dieu, avec tous les concepts qui en découlent, nous vient des antiques despotismes orientaux. C'est une idée absolument indigne d'hommes libres. La vue de gens qui, dans une église, s'avilissent en déclarant qu'ils sont de misérables pêcheurs et en tenant d'autres propos analogues, ce spectacle est tout à fait méprisable. Leur attitude n'est pas digne d'êtres qui se respectent.»
Il s’attaqua donc naturellement à la valeur phare de la morale chrétienne, le travail, dans un essai nommé Éloge de l’oisiveté (1) paru en 1932.
Il s’est dressé contre la première guerre mondiale, il a bataillé contre le Maccarthysme aux cotés d'Albert Einsten pour le défendre contre les accusations d’être communiste.
Il a toujours lutté contre les armes nucléaires. Il a signé un manifeste avec Albert Einsten et a donné de nombreuses conférences. Pour cela il a été emprisonné.
Il s’est battu contre la guerre du Vietnam et les atrocités (2) commises par l'armée des États-Unis. Il a fondé avec Jean-Paul Sartre le tribunal Sartre/Russel ou tribunal international des crimes de guerre (3). Ce tribunal a été fondé en 1966 suite à la publication du livre de Bertrand Russell, Les crimes de guerre au Vietnam.
Ce querelleur distingué et aguerri se retrouva ainsi plusieurs fois en prison pour ses prises de position pacifiste et ses convictions libertaires et socialistes.
Entre 1938 et 1944, Bertrand Russell enseigne aux États-Unis avant d'y être interdit d'exercer en raison de ses positions contre la religion, pour la défense de la liberté sexuelle et pour son anticonformisme.
De retour en Angleterre, il s'oppose farouchement à l'utilisation de l'énergie nucléaire à des fins militaires.
En 1950, pour l’ensemble de ses ouvrages philosophiques écrits dans une langue simple et accessible, en vue de faire partager sa conception d'une philosophie rationaliste œuvrant pour la paix et l'amour, il obtient le prix Nobel de littérature. Ce qui ne l'empêche pas de continuer ses combats. Il est même arrêté à l'âge de 89 ans lors d'une manifestation contre la bombe atomique.
Toute sa vie, il a été libre parleur, comme il a été libre penseur. Bertrand Russel avait le courage de ses opinions, même s’il devait se faire des ennemis, ce qui n’était pas une préoccupation pour lui. Il était un aristocrate qui aimait la controverse et prenait toujours position.
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Bertrand Russel
Du plus loin de tes jours qui s’égrènent,
Tu as pris une autre direction.
Tu caresses les feuilles des livres
Puis tu jettes au vent leur antre limpide.
Alors tes mots, comme une fièvre,
Comme des eaux qui débordent,
jaillissent en paroles délivrées.
Tu ne sais pas fuir, Bertrand Russel,
Tu brutalises les angles aigus de l’horreur,
Tu enfonces tes ongles dans la guerre
Et dans l’empire de la mort.
Tu as marché dans l’exil
Mais l’étranger ne donne jamais ce qu’il faut,
Il sent toujours trop le vieux chien mouillé.
Tu as ouvert les fêlures intimes des religions
Là où suintent les douleurs ancestrales.
Et tu as marché au bout de leurs autorités
Pour enfin décréter qu’ici existe la vérité,
Pour clamer que là, les portes des hommes
s’ouvrent sur l’espérance et l’oisiveté.
Que là, l’homme a confiance en l’homme.
Bertrand Russel, l’homme aux yeux libres
Qui élève la voix et porte haut son front clair.
Celui qui donne la beauté de la liberté
Et qui bouscule les idoles de mort.
Celui qui a plus d’amour au fond du cœur
Que de haine dans tous les canons.
Bertrand Russel, l’homme qui creuse l’ordre des choses.
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(1) Librement consultable sur http://www.esprit68.org/biblio.html
(2) Mutilations et torture des paysans et des membres du FNL faits prisonniers, utilisation massive de bombes au phosphore, de napalm, de gaz paralysants et autres agents chimiques destructeurs, bombardements d’hôpitaux d’écoles, de sanatorium, etc...
(3) Selon le même principe, d’autres tribunaux ont été créés depuis. Tous ces tribunaux ont conservé l’appellation « Tribunal Russel ». Tribunal Russel sur l’Amérique latine en 1973, sur le Congo en 1982, sur les droits de l’homme en psychiatrie en 2001, sur l’Irak en 2004, sur la Palestine en 2009-2012.