Pierre Rabhi
(1938 ....)
Le jardin de la paix.
Pierre Rabhi sait faire chanter la terre et fleurir le sable brûlant du désert. Il sait faire jaillir des oasis de jubilation là où pleurent les misères et les sécheresses. Il sait enraciner ses mains dans la lumière.
Pierre Rabhi connaît l'absurde des vies laborieuses à produire des richesses inutiles qui entravent la conscience des hommes et qui aliènent leur liberté. Ces hommes qui ne savent plus caresser la vie, ces otages des marchandises, des guerres, des idéologies de la productivité.
Pierre Rabhi construit des poèmes avec les pierres et fait des comptines avec le vent du sud. Il sait faire parler le silence. Il sait réveiller la rosée au bout de ses doigts. Il sait construire des palais avec des épines et des caillasses faméliques.
Pierre Rabhi est un paysage d'amour qui ronge le cœur de la croissance en déroute. Il tient tête aux taureaux violents qui dévorent les espoirs de la paix. Il est l’humus d’où surgissent les racines de la douceur.
Rabah Rabhi est né musulman dans l'oasis de Kenadsa près de Colomb Béchar dans le Sud algérien. Il perd sa mère à quatre ans puis quelque temps après il est confié par son père à une famille française. Plus tard il rejoint Oran avec sa famille d’adoption. Il fera deux années d’études secondaires et se convertira au christianisme.
Il choisit alors son nouveau prénom : Pierre.
Après une dispute avec son père (1) , il quitte la maison familiale et s’installe à Paris. C’est à Paris qu’il élargira sa réflexion et qu’il ne se sentira plus lié à aucune religion. En 1960 il partira avec sa femme vivre en Ardèche et se formera à l’agriculture sans adhérer à l'enseignement, basé sur le recours aux engrais et pesticides chimiques.
En 1963, la famille s’installe à Montchamp, en Ardèche, et s’essaie à l’agriculture bio-dynamique (2) . Pierre Rabhi développera plus tard l’agroécologie qui s’occupe plus particulièrement de la relation harmonieuse entre l’humain et la nature.
En 1978 il est chargé de formation en agroécologie par le Cefra (Centre d’Étude et de Formation Rurales Appliquées) et met au point différents programmes de formation en Europe et en Afrique.
En 1985 il est devenu un expert reconnu internationalement pour la lutte contre la désertification. Il crée, avec son ami Maurice Freund, un centre de formation en agroécologie à Gorom-Gorom au Burkina Faso.
En 1988, il fonde le Ciepad (Carrefour International d’Échanges de Pratiques Appliquées au Développement) et met en place de nombreuses actions de développement à l'étranger (Maroc, Palestine, Algérie, Tunisie, Sénégal, Togo, Bénin, Mauritanie,Pologne Ukraine...).
En 1992, lancement du programme de réhabilitation de l'oasis de Chenin-Gabés en Tunisie. Il fonde également l’association Terre & humanisme.
En 1997, actions de développement au Niger (région d'Agadez), au Mali (région de Gao) et au Maroc (Kermet BenSalem, Dar Bouazza, Taroudant).
Son père adoptif n’a pas supporté qu’il critique le maréchal Alphonse Juin.
Système de production agricole ésotérique, proche de l’agriculture écologique, dont les bases ont été posées par Rudolf Steiner et qui sont à l’origine des produits Weleda et de la pédagogie Waldorf-Steiner.
En 2002, candidat à l’élection présidentielle. Il fonde le Mapic (Mouvement Appel Pour Une Insurrection des Consciences).
En 2004 il crée Les Amanins, avec Michel Valentin, association qui travaille sur l’agriculture, l’éducation et la construction, autour de la question «Quelle planète laisserons-nous à nos enfants ? Quels enfants laisserons-nous à la planète ? ».
En 2007 création du mouvement Colibris (3) dont le but est «d’inspirer, relier et soutenir tous ceux qui participent à construire un nouveau projet de société».
Il a fait partie du comité éditorial du mensuel français La décroissance et est vice-président de l'association Kokopelli qui œuvre à la protection de la biodiversité, à la production et à la distribution de semences issues de l’agriculture biologique et biodynamique et à la régénération des sols cultivés.
Il est aujourd'hui à la tête d'une puissante organisation (4) , soutenue par de nombreux mécènes issus du show-business comme Mélanie Laurent ou Marion Cotillard ainsi que par des fortunes aristocratiques (Constance de Polignac, Patrice de Colmont...)
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Pierre Rabhi
Il lampe la vie comme une eau du désert
Puis dépose une graine dans chaque paume
Afin que les mains des hommes soient des jardins
Afin que leur cœur soit de lumière et de pain.
Il se gorge du royaume de la parcimonie
Il caresse le rire des enfants qui erre là-bas
Le rire aux mille visages, le rire clair du ciel,
Il a le vertige des sèves, des fruits et feuilles.
Il soigne la terre de ses innombrables cicatrices
Il la défend des fers enragés et des feux chimiques,
Il pleure la terre décharnée et sa lente agonie
Il souhaite abolir toutes ces rafales de blessures.
Il sollicite la floraison des cerisiers ingénus
Dans les allées perdues de la douleur.
Il a les désirs rebelles et singuliers de l’exil
Qui abreuvent les oiseaux sur la margelle des arcs-en-ciel.
Il connaît la voix des arbres, la poésie des jardins
l’étincelle du limon dans le cœur des sables
L’ivresse d’une terre qui couve sa moisson vigoureuse.
Il donne le pain à ceux sans pain, la vie à ceux sans rêve.
Il parle avec les feuilles du vent, avec l’âme pensive de la nuit
il embrasse les lèvres de la terre et la liesse des oasis.
Il pose son humble genou sur les chemins mélancoliques du silence
Puis change le sable en fruit charnu et parle d’amour avec l’herbe.
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(1) Son père adoptif n’a pas supporté qu’il critique le maréchal Alphonse Juin.
(2) Système de production agricole ésotérique, proche de l’agriculture écologique, dont les
bases ont été posées par Rudolf Steiner et qui sont à l’origine des produits Weleda et de
la pédagogie Waldorf-Steiner.
(3) Le mouvement Colibris tire son nom d’une légende amérindienne. Un jour, dit la
légende, il y eut un immense incendie de forêt. Tous les animaux terrifiés, atterrés,
observaient impuissants le désastre. Seul le petit colibri s’activait, allant chercher
quelques gouttes avec son bec pour les jeter sur le feu. Après un moment, le tatou,
agacé par cette agitation dérisoire, lui dit : "Colibri ! Tu n’es pas fou ? Ce n’est pas
avec ces gouttes d’eau que tu vas éteindre le feu ! " Et le colibri lui répondit : "Je le
sais, mais je fais ma part."
(4) Ensemble constitué par un véritable microcosme dédié à l’expérimentation
sociale des idées défendues par le paysan et par les mouvements de transition
écologique et citoyenne. Centres de recherche et de formations Terre et
humanisme, centre des Amanins , école des Colibris, école Montessori fondée par
sa fille en Ardèche, éco-village du Hameau des Buis, collection de livres Domaine
du possible chez Actes Sud, magazine Kaizen...