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Mar
March 28, 2020, 5:43 pm

01/07
Entendre le sang dans ses oreilles
Long voyage dans les siècles des veines
Poésie incandescente
Coma squelettique
Roman fragmentaire
Le voyage du sang
S'écrit sur les draps de la vie.



02/07
Je suis enfant de la terre
Né dans la poussière d'un chemin.
Dans leur ciel éteint
Dans leur chair fantôme
Les gens rient de me voir pieds nus
Chanter et danser au soleil.
Je suis l'arc-en-ciel de leur réalité.



03/07
J'ai marché dans des forêts sans bouche
Peuplées de cadavres aphones
Aux cerveaux ouatinés.
Sous nos claviers, seuls les doigts parlent.



04/07
J'ai inventé des loups et des mers
J'ai inventé des rêves et des fleurs
J'ai inventé des berceuses, des œufs, des avions
J'ai inventé des poissons et des boites de toutes les couleurs
Dans ta petite chambre bleue.



05/07
Je fais la sieste avec les lézards
A l'heure où le coquelicot s'abrite des coups de midi
Lorsque tremble le jour sous les noisetiers.
Alors, sous l'odeur des framboises mélancoliques
Ma balançoire sonore devient un chant grégorien.



06/07
La nuit résonne du chant d'un hautbois
C'est la lune qui marche sous l'ombre des forêts.



07/07
Dextérité à se fondre dans les angles morts
Vivacité à fermer les battants de la peur
La nuit mon ombre s'additionne avec moi.






08/07
Une brise rauque ébranle la forêt langoureuse
C'est une jacinthe bleue qui trompette à fleur de sol.



09/07
Une trace sur la peau verte d'un étang
Cuir noir et jaune d'une salamandre
Comme la flamme d'un rire dans le miroir du soir.



10/07
J'aimerai retrouver à l'aurore le grand silence du ciel
Le corps maternel, le lait de l'enfance
Les premiers claquements du jour, le feu du jour
L'haleine d'une terre sauvage, les doux ramages du cœur
Le limon de l'humanité, l'esprit premier de l'homme
J'aimerai retrouver le nid de mon arbre captif du printemps
La lune qui tombe sur les feuilles blanches du gel
La fleur de mon enfance avec ses abeilles fécondes.



11/07
Aux matins épanouis j'écoute les bois harmonieux,
Les notes vermeilles comme des éclairs joyeux.



12/07
Au soleil d'argent la grive joue un doux toccata
Et sème une fraîcheur émue aux flâneurs du petit jour.



13/07
La terre a des vérités spontanées sur les entraves des hommes
La terre est un miroir qui nous renvoie à toutes nos horreurs.



14/07
Captif des barreaux de mon jardin, sous une ombre vermeille
Mes rêves urbains jettent mes cheveux au sillon des routes.
J'aimerai voir à Paris les marbres du reflet de l'horizon
J'aimerai voir Paris s'allumer à l'orient des bruits nocturnes
J'aimerai frôler les mains de la ville sans jamais dire au revoir.






15/07
Il y a des portes sur l'absence, des portes sans gardien
Des portes aux appels sans réponse, aux amours en lambeaux
Il y a des portes ouvertes sur les reliefs de la vie
Des portes sur le départ à la guerre
Des portes sur des balançoires d'enfants
Des portes qui écrivent dans ma main
Des portes comme des paupières.



16/07
J'ai bu tant de vin sous mon arbre apprivoisé
Que j'ai dormi jusqu'au soir comme un concombre.



17/07
Dans l'attente du basculement vers la poésie
et dans l'espoir de parler au centre des autres
l'angoisse, perchée sur l'équilibre du vertige,
écrit du bout des mots la limite des corps.



18/07
J'ai déplié le temps pour m'éloigner du néant
Et j'ai fait danser le ciel et les étoiles
Puis je suis devenu la matière de mon identité
Pour être ici, homme tangible, sans peur, sans mystère
Tendant la main pour recevoir des amis inhabituels.



19/07
A l'instant du soleil premier la nature joue ses pleurs.
Rosée claire sur les sombres pétales des ombres
La nature n'essuie pas ses larmes, elle garde le sourire
Elle cache seulement le chagrin éveillé par la musique.
La nature n'a pas l'art du mouchoir.



20/07
Des notes, comme des larmes qui coulent sur la terre
La musique est une lente réconciliation avec la terre
Elle est la promesse d'une identité illisible par nous.
La musique est un autre je.



21/07
La musique a la physique liquide des larmes.

Ecouter/voir Nathalie Stutzmann : Schwanengesang, D. 957: XIII. Der Doppelgänger





22/07
Il y avait un homme derrière les lignes du livre
Il s'affairait sur les charnières des pages.



23/07
Lorsque les mots glissent sur l'ossuaire des lignes
Il est temps de fermer le livre.



24/07
Un bloc de paroles dans une brèche de silence
Blessure des souvenirs, trace distendue du temps.



25/07
Nous sommes accoutumés aux luttes
Aux pertinences de nos pas
Nous marchons le long de notre histoire
Debout dans demain.



26/07
Je reçois du livre les échos d'une main tierce.






27/07
Dans les pagodes de mes rêves, mes mots entassés
Dans le souffle des nuages, mes regards imaginés
Dans le varech de mon histoire, le silence de ma parole.



28/07
Pour qui ces mots qui se taisent ?
Ces chemins de mystères qui ondulent au jour ?
Mon écriture attend une autre vie.



29/07
Comprendre le paysage c'est saisir la parole des autres.



30/07
Rivière amarante dans une aube olive
Il y a une sorte de hargne dans les couleurs.



31/07
Le vide d'une bouteille posée sur le sommeil
Verre sans rèves, grisaille accumulée au coin des bulles
Violence des lumières comme un écho au sang.

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